LE DAHLIA, TOUT UN ROMAN

Cette plante originaire du Mexique, que l’on mangeait avant de s’en servir comme décoration, existe sous plusieurs formes, cactus, à pompon, balles ou dentelle… Et plusieurs couleurs, du jaune au rose. Mais ce sont des teintes plus sombres qui ont nourri l’imaginaire de créateurs, de la littérature à la parfumerie.

Comme la rose, c’est une bête de compétition. Du genre à participer à tous les concours de beauté régionaux et à établir des records. Le dahlia a ses fan-clubs, ses rencontres internationales et des racines qui s’échangent comme des images Panini dans les cours de récré. Un modèle pompon rose chewing-gum contre les fleurs d’un nain jaune, un exemplaire de Spartacus rouge contre une dentelle blanche, une forme cactus à pointes mauves contre une balle presque noire…

C’est au troc de tubercules entre voisins de ­potagers qu’il doit la diversité de sa garde-robe. Deux siècles après avoir été importé des plateaux du Mexique, le dahlia compte près de vingt géométries différentes, des fleurs de la taille d’une pièce de monnaie à celle d’une assiette, et des variétés par dizaines de milliers, ­certaines aériennes, d’autres plus sculpturales.

Il a d’abord été question de manger le dahlia par la racine, comme au Mexique. Yoann Beaumont, à la tête de 2 500 variétés différentes, convient que, sous la dent, le tubercule ne vaut pas la pomme de terre ou le ­topinambour. « Trop aromatique, décrit ce propriétaire de la plus grande collection de dahlias au monde, son goût de gingembre ne satisfait personne en Europe. »

Best-seller et parfum ténébreux

La fleur, hommage au botaniste suédois Anders Dahl, s’est donc retrouvée à jouer les belles plantes dans les jardins de curé. « Il peut donner jusqu’à 120 fleurs par saison, s’enthousiasme Matthieu Velé, arrière-petit-fils d’Ernest Turc, fondateur éponyme de l’entreprise horticole. Il tient jusqu’aux premières gelées et fane joliment. »

En 1947, un fait divers hollywoodien aurait pu enterrer sa carrière. C’est tout l’inverse. Le meurtre jamais résolu du « Dahlia noir », alias Elizabeth Short, une aspirante actrice à la chevelure jais, l’a entouré de mystère. L’écrivain américain James Ellroy en a tiré le nom d’un roman noir devenu best-seller ; Givenchy, celui d’un parfum ténébreux (bien que la fleur soit inodore). Pendant ce temps, les botanistes, à défaut de pouvoir obtenir naturellement une version bleue de la fleur, ont sorti des variétés d’un brun ­grenat et violet dramatique.

La rose, divine senteur

Plus récemment le dahlia est revenu sur les étals des fleuristes et les écrans. Teint en noir pour jouer les oiseaux de mauvais augure dans la série Mercredi, sur Netflix, et de toutes les couleurs sur le compte Instagram à un ­million d’abonnés de Floretflower, une ­horticultrice engagée. « Ce regain d’intérêt est lié aux préoccupations écologiques actuelles, analyse Matthieu Velé. Le dahlia ne supporte pas les voyages, c’est une fleur de circuit court. » Locale et de saison, parfai­tement dans l’air du temps.

Période de floraison De juin à octobre.

Zones de prédilection Les potagers et les jardinets.

Aime Le plein soleil, les sols riches et les paillages l’hiver.

Déteste Être noyé sous l’eau, les coups de vent qui cassent sa tige et les limaces.

Entretien En pincer régulièrement les extrémités pour l’amener à se ramifier et s’étoffer.

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