Je mange peu et je grossis. C'est ce que nous sommes nombreux à déclarer. Et on cherche à expliquer une prise de poids par autre chose que la prise alimentaire. Certes, la prise de poids, et l'obésité qui peut en résulter, est un phénomène complexe et multifactoriel. Mais il y a un facteur qui est peu connu : c'est la sous-estimation des apports caloriques. Et si on arrivait à le corriger, on aurait sûrement plus de facilité à stabiliser son poids. On va voir cela ensemble.
À LIRE AUSSI Maigrir : la révolution des médicaments anti-obésitéCe qui a été bien montré c'est que l'estimation de ce qu'on mange est nettement inférieure à ce qui est ingéré. Les chercheurs ont comparé des recueils de prises alimentaires faits par des volontaires à la mesure objective de l'apport calorique par des techniques de recherche. La sous-estimation peut atteindre 50 % ! Oui, même quand on fait un effort de tout noter dans un carnet, il n'est pas rare d'observer qu'on ingère jusqu'au double des apports caloriques déclarés.
On a des arguments pour penser que la tendance à la sous-estimation s'est accentuée au cours des dernières décennies : on mesestime plus aujourd'hui qu'il y a trente ou quarante ans. Et on observe généralement que la sous-estimation est plus marquée chez les personnes en situation d'obésité et chez celles qui cherchent à tout prix à perdre du poids.
Bien évidemment, la sous-estimation est presque toujours involontaire. Ce n'est pas notre faute et il n'est pas question de culpabiliser une personne qui, à l'évidence, minimise ses apports. De toute façon, c'est contre productif, car il est extrêmement difficile de l'admettre, tant on est certain de ce que l'on mange !
Mais alors d'où vient cette sous-estimation totalement involontaire ? On ne sait pas tout, mais on peut avancer trois hypothèses.
À LIRE AUSSI Obésité : cinq régimes au banc d'essaiTout d'abord la densité calorique des aliments a augmenté au cours des dernières décennies : c'est-à-dire qu'il y a de plus en plus de calories dans de petits volumes d'aliments. Il n'y a pas franchement de rapport entre la taille de ce qu'on mange et l'importance de l'apport calorique : un petit biscuit sec ne représente presque rien en taille, on oublie si vite qu'on l'a ingéré, et pourtant, c'est une bombe calorique !
Deuxième explication : la stigmatisation de l'obésité conduit irrémédiablement au déni. Inconsciemment, on ne se souvient pas de ce qu'on mange.
Enfin, l'alimentation émotionnelle, non rythmée par la faim, souvent échelonnée tout au long de la journée et de la soirée est souvent peu consciente. Elle échappe au souvenir.
En pratique, si vous ou un de vos proches prenez du poids sans comprendre, plutôt que d'entamer un régime, misez sur l'observation sereine du comportement alimentaire et de la prise alimentaire. Attention, il est essentiel d'écarter lors de ce travail toute forme de jugement négatif. Cette démarche positive aide le plus souvent à mieux comprendre une prise de poids et à améliorer sa santé.
2024-05-09T11:01:52Z