En France, une femme meurt toutes les sept minutes d’une maladie cardiovasculaire. Pourtant, huit décès sur dix seraient évitables, selon la Fondation Agir pour le Cœur des Femmes. Parmi les facteurs de risque sur lesquels on peut agir, on retrouve notamment le tabagisme, la diabète, le surpoids, le stress ou encore la sédentarité. La pratique d'une activité physique est ainsi bénéfique pour la santé cardiaque.
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Cardiovascular Research, des chercheurs se sont d'ailleurs intéressés aux différences entre les sexes dans les associations entre l'activité physique et le risque d'incidence de maladie coronarienne. Leurs résultats révèlent que les femmes peuvent consacrer environ deux fois moins de temps à l’activité physique que les hommes pour réduire leur risque de maladie coronarienne, de 30 % en moyenne.
Face au constat alarmant de la sédentarité grandissante à travers le monde, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de bouger davantage. Les adultes devraient ainsi pratiquer 150 à 300 minutes d’activité modérée par semaine (soit 2h30 à 5h).
Dans leurs travaux, les chercheurs se sont intéressés recommandations officielles, qui donnent s'adressent à la fois aux hommes et aux femmes. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur la grande base de données britannique, la UK Biobank, qui suit la santé de plus de 500.000 volontaires âgés de 37 à 73 ans. Parmi eux, 85.000 personnes ont accepté de porter un bracelet connecté pendant une semaine afin de mesurer précisément leur niveau d’activité physique, le temps passé à bouger, marcher, faire du sport, etc. Ils ont ensuite comparé les résultats entre femmes et hommes, tout en tenant compte d’autres facteurs importants comme l’âge, le poids, le tabac ou le mode de vie.
Résultat ? Les femmes tireraient davantage de bénéfices cardiovasculaires du même volume d’activité physique que les hommes. Une femme qui pratique environ quatre heures de sport hebdomadaire réduirait son risque de maladie coronarienne de 30 % en moyenne, d'après cette étude. Pour un homme, il faudrait environ neuf heures d’exercice pour atteindre la même réduction du risque, selon les résultats issus de ces travaux. Chez les patients déjà atteints d'une maladie coronariennes, les femmes actives présenteraient trois fois moins de risque de décès que celles inactives, un effet moins marqué chez les hommes.
Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer ces résultats. Ils citent notamment le taux d’œstrogènes, plus élevé chez les femmes, qui pourraient favoriser la perte de graisse corporelle pendant l'activité physique, mais aussi une différence sir le plan musculaire : les muscles des femmes contiennent plus de fibres lentes, qui utilisent mieux l’oxygène et l’énergie sur le long terme. "Ces différences peuvent contribuer à la sensibilité accrue à l'activité physique et aux bénéfices cliniques plus importants observés chez les femmes. Néanmoins, les mécanismes sous-jacents restent à élucider", peut-on lire dans l'étude.
Les chercheurs soulignent que cette étude "a mis en évidence la nécessité d'une prise en charge individualisée et spécifique au sexe dans la prévention des maladies cardiaques congénitales". Ces travaux questionnent ainsi le besoin de recommandations plus spécifiques aux femmes, d’autant que l’on sait que les femmes sont prises en charge différemment que les hommes, selon un récent rapport de l’Académie nationale de médecine. En France, l’infarctus, ou crise cardiaque, serait pris en charge avec un délai de 30 minutes par rapport à celle des hommes. Ces inégalités s’expliquent par des facteurs biologiques, mais aussi sociétaux et institutionnels, qui influencent le diagnostic, le traitement et la réadaptation.