Une analyse de 184 pays met en lumière les conséquences désastreuses de cette catégorie d’aliments omniprésente dans les supermarchés sur la santé, révélant qu’elle est responsable de 2,2 millions de …
L’alimentation est un outil essentiel pour gérer le diabète. Bien qu’aucun régime alimentaire ne convienne à tout le monde, des approches spécifiques se sont révélées particulièrement efficaces. La bonne nouvelle n’est autre qu’il n’y a pas besoin de faire des choix restrictifs mais plutôt de se concentrer sur l'équilibre des menus et faire des changements alimentaires judicieux. Il convient par exemple de privilégier des céréales complètes, de miser sur les fibres, de faire le plein de légumes, de privilégier des « bonnes » graisses et d’opter pour des protéines maigres. Les patients sont par ailleurs invités à se montrer attentifs au choix des glucides, en choisissant des glucides complexes plutôt que des glucides simples. Dans ce domaine précis, les sodas et jus de fruits industriels comptent parmi les pires facteurs responsables des pics de glycémie. Preuve que l’impact néfaste des boissons sucrées est réellement considérable sur la santé, des chercheurs de la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l'université Tufts ont non seulement révélé une association alarmante avec le diabète mais également avec les maladies cardiovasculaires.
Leur étude publiée dans la revue Nature Medicine révèle en effet que 2,2 millions de nouveaux cas de diabète de type 2 et 1,2 million de nouveaux cas de maladies cardiovasculaires surviennent chaque année dans le monde en raison de la consommation de boissons sucrées. Les chercheurs ont compilé des données sur 184 pays entre 1990 et 2020 à l’aide de la base de données mondiale sur l’alimentation, y compris 450 enquêtes contenant des données sur les boissons sucrées portant sur 2,9 millions d’individus de 118 pays. Les résultats obtenus ont permis de constater que le nombre de cas serait particulièrement alarmant dans certains pays que sont la Colombie, le Mexique et l'Afrique du Sud. « Les boissons sucrées sont largement commercialisées et vendues dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Non seulement ces communautés consomment des produits nocifs, mais elles sont aussi souvent moins bien équipées pour faire face aux conséquences à long terme sur leur santé. », explique le professeur Dariush Mozaffarian, auteur principal de l'étude et directeur du Food is Medicine Institute de l’université Tufts.
A la question de savoir pourquoi les boissons sucrées sont nocives, l’expert répond « qu’elles sont rapidement digérées, ce qui entraîne une augmentation du taux de sucre dans le sang et une faible valeur nutritionnelle. Une consommation régulière au fil du temps entraîne une prise de poids, une résistance à l'insuline et une multitude de problèmes métaboliques liés au diabète de type 2 et aux maladies cardiaques, deux des principales causes de décès dans le monde. » À mesure que les pays se développent et que les revenus augmentent, ces dernières deviennent plus accessibles, affirment qui plus est les auteurs de l’étude. « Nous avons besoin d’interventions urgentes et fondées sur des données probantes pour réduire leur consommation à l’échelle mondiale, avant que davantage de vies ne soient raccourcies par leurs effets sur le diabète et les maladies cardiaques. », déclare Laura Lara-Castor, première auteure de l’étude. Pour ne pas mettre davantage de vies en danger, les scientifiques préconisent une approche en plusieurs volets, comprenant des campagnes de santé publique, une réglementation de la publicité et des taxes sur les boissons sucrées.
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Le Mexique, qui a l’un des taux de consommation de boissons sucrées par habitant les plus élevés au monde, a instauré une taxe sur ces boissons en 2014. Les premières données suggèrent que cette taxe a été efficace pour réduire la consommation, en particulier chez les personnes à faible revenu. A noter que dès l’année 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publiait un rapport affirmant que la taxation des boissons sucrées permet de faire baisser la consommation de ces produits et de faire reculer le nombre de cas d’obésité, de diabète de type 2 et de carie dentaire. D’après ce document, les politiques fiscales entraînant une augmentation de 20% au moins du prix de vente au détail des boissons sucrées (et un subventionnement des fruits et des légumes frais qui permette de faire baisser les prix de 10% à 30%) conduiraient à une baisse proportionnelle de la consommation de ces produits. Avec pour corollaires une réduction de l’apport en «sucres libres » et de l’apport calorique global, une meilleure nutrition et un recul du nombre de cas de surpoids, d’obésité, de diabète et de carie dentaire dans le monde.
L’expression « sucres libres » désigne les monosaccharides (tels que le glucose et le fructose) et les disaccharides (tels que le saccharose, ou sucre de table) ajoutés aux aliments et aux boissons par les fabricants, les cuisiniers ou les consommateurs, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les jus de fruits à base de concentré. « Le sucre n’est pas nécessaire du point de vue nutritionnel. L’OMS recommande de maintenir l’apport éventuel en sucres libres à moins de 10% des besoins énergétiques totaux et de le ramener à moins de 5% si l’on veut obtenir des bienfaits supplémentaires sur le plan de la santé. C’est l’équivalent d’un seul verre de 250 ml de boisson sucrée par jour. », indiquait l’organisme. A noter que les sucres libres sous forme liquide sont absorbés encore plus rapidement car ils ne nécessitent même pas les processus de dégradation que les aliments solides, via notamment le travail préparatoire de mastication. Or, cette dernière joue un rôle important dans la régulation des signaux de satiété, c’est pourquoi elle a pour conséquent un impact intéressant dans la gestion du poids.
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Les boissons sucrées sont des boissons composées d'eau, de sucres (le plus souvent de saccharose ou de sirop de glucose-fructose), d'arômes auxquels s'ajoutent parfois du gaz carbonique, des colorants ou encore des extraits de plantes. Selon les HUG*, une canette de cola, de limonade ou d'orangeade contient environ 10 morceaux de sucre. Que devient tout ce sucre ? « Le corps fait d'abord des réserves dans le foie et les muscles. Ensuite, l'excès de sucre se transforme en graisse et des bourrelets peuvent apparaître dès le plus jeune âge. Et ce n'est pas tout. Les sodas ne font pas seulement grossir, ils se déposent sur les dents et provoquent des caries. », fait remarquer l’organisme. Quid des jus de fruits industriels ? Ils sont tout aussi sucrés : mieux vaut mieux manger un fruit car il y a des fibres qui dont que l'absorption est plus lente (le sucre rentre moins vite dans le corps et c'est plus sain). En ce qui cocnerne les boissons « light » ces dernières ne contiennent pas de sucre mais des édulcorants artificiels dont les effets sur la santé sont peu connus, c’est pourquoi il est recommandé de les consommer avec modération.
En France, en 2022, plus de 4,3 millions de personnes diabétiques sont identifiées par l'assurance maladie, dont 90% sont atteintes du diabète de type 2. On parle de diabète de type 2 lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser adéquatement l’insuline qui est libérée, ou lorsqu’il ne produit pas suffisamment d’insuline : le glucose s’accumule dans le sang au lieu d’être utilisé comme énergie. Le diabète de type 2 se développe le plus souvent à l’âge adulte, mais les enfants peuvent en être atteints. De par les quantités importantes d’apport en sucre, les sodas et boissons sucrées peuvent engendrer une surcharge pondérale (surpoids ou obésité) elle-même liée à un risque augmenté de diabète. S’ajoute à cela le fait qu’un excès de graisse autour de la ceinture abdominale et entre les organes de l’abdomen, une augmentation des triglycérides et du cholestérol augmente le risque pour les maladies cardiovasculaires. Ces pathologies qui touchent le cœur et l'ensemble des vaisseaux sanguins représentent la principale cause de décès dans le monde, avec environ 17,9 millions de morts chaque année, selon les estimations de l’OMS.
*Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) constituent le principal centre hospitalier de Genève (Suisse).
2025-01-09T17:19:14Z