QU’EST-CE QUE L’ABAYA, CE VêTEMENT TRADITIONNEL QUI VA êTRE INTERDIT DANS LES éTABLISSEMENTS FRANçAIS ?

Les établissements scolaires français notent une recrudescence des atteintes à la laïcité. De nombreux signalements évoquent le port d’un vêtement traditionnel dans les pays musulmans : l’abaya. ELLE vous raconte dans quelle mesure cet habit interroge dans les collèges et les lycées.

Le non-respect du principe de laïcité au sein du milieu scolaire interroge. Sur le plateau de TF1, ce dimanche 27 août, le nouveau ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a annoncé, pour sa première rentrée scolaire, «qu’on ne pourra plus porter l’abaya à l’école ». Le ministre a ajouté qu'il souhait s'entretenir cette semaine avec les directeurs d’établissement sur le sujet. Dans son plaidoyer, le locataire de la rue de Grenelle a défendu une règle «nécessaire et juste». 

«L’école de la République s’est construite autour de valeurs fortes, notamment la laïcité. La laïcité, c’est une liberté, pas une contrainte. Vous ne devez pas être capable de déterminer la religion d’un élève en rentrant dans une classe», a-t-il justifié. Pour information, 625 atteintes à la laïcité ont été recensées en avril, et 438 en mai, d'après le ministère. Dans les écoles de la République, de plus en plus de jeunes filles portent cette robe ample et longue  qu'on associe à la religion musulmane. ELLE vous explique les origines de l'abaya et son éventuelle dimension religieuse. 

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L’abaya, un vêtement traditionnel  

L’abaya est une robe traditionnelle dans les pays musulmans, à commencer par l’Arabie saoudite, les pays du golfe Persique mais aussi certains pays du Maghreb. Cette tenue ample couvre l'ensemble du corps à l'exception du visage, des pieds et des mains. Traditionnellement portée à de grandes occasions, comme durant la fête de l'Aïd, elle se banalise dans les usages des jeunes collégiennes et lycéennes françaises.    

Des atteintes à la laïcité qui se multiplient  

Les entraves à la laïcité dans les établissements scolaires se multiplient depuis plusieurs mois. Parmi les vêtements religieux qui posent problème, l'abaya, venue du Moyen-Orient, revient régulièrement dans les signalements établis sur le territoire. Depuis la rentrée scolaire 2022, l'ancien ministre de l'Éducation Pap Ndiaye avait constaté une « recrudescence en début de printemps » de ces atteintes à la laïcité.

Dans ses déclarations sur le sujet, il avait expliqué qu’« il ne faut ni sous-estimer ni surestimer le phénomène qui possède des poussées saisonnières et des décrues ». Parmi ces actes, on dénombre essentiellement le port de signes et de tenues qui représentaient en tout 56 % des atteintes de ce type au mois de mai, contre 37% en avril et 42% en mars.  

Un vêtement religieux ou non ?  

La question qui se posait jusqu'ici était celle du caractère religieux ou non de cet habit. Dans le cas où il est considéré comme religieux, il serait alors sous le coup de la loi sur la laïcité du 15 mars 2004, qui énonce que « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ». Pour autant, le texte vise directement « le voile islamique, quel que soit le nom qu'on lui donne, la kippa ou une croix », mais l’abaya n’est pas mentionnée. Avant l'annonce de Gabriel Attal, la position officielle sur cet habit restait floue. 

En réalité, le caractère religieux de cet habit dépend essentiellement de la symbolique que l’élève met derrière. Autrement dit, certaines jeunes filles le portent pour revendiquer aux yeux de tous leur religion, tandis que d'autres veulent simplement cacher leurs rondeurs, par exemple. Un avis partagé par Abdallah Zekri, le vice-président du CFCM (Conseil français du culte musulman) qui assurait de son côté sur le plateau de BFM TV, ce dimanche 27 août, que « l'abaya n'est pas une tenue religieuse, [mais] une forme de mode » 

« Est-ce que quand on n'est pas de religion musulmane, on porte des abayas ? La réponse est “non” »

Une question à laquelle la secrétaire d'État en charge de la Citoyenneté, Sonia Backès, avait répondu sur Franceinfo, en octobre 2022. Pour elle, ces tenues sont bel et bien « des marqueurs religieux ». « Est-ce que quand on n'est pas de religion musulmane, on porte des abayas ? La réponse est “non” », avait-elle tranché à l’époque.  

En outre, le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) note que de nombreux comptes sur TikTok et Twitter encouragent leur communauté à porter des vêtements religieux et donc à ne pas respecter la loi de 2004. La date d'entrée en vigueur de l'interdiction de l'abaya reste toutefois encore à définir.

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