HAIR’BORN, LE COIFFEUR PRéFéRé DES SOLDATS AMéRICAINS VENUS COMMéMORER LE D-DAY EN NORMANDIE

En Normandie, à Sainte-Mère-Église (Manche), un salon de coiffure porte un nom tout trouvé : Hair’born. Pour les cérémonies commémoratives du D-Day, le jour du Débarquement, des soldats américains viennent s’y faire dégager les oreilles. Reportage.

Quel autre nom qu’Hair’born aurait pu avoir un salon de coiffure sur la grande place de Sainte-Mère-Église (Manche), où les parachutistes sautèrent le 6 juin 1944 ? En pleine période de commémorations du Débarquement, le rendez-vous est donné pour 14 h, ce 1er juin 2023. Une coupe et un reportage : quel est l’utile et quel est l’agréable ? Au moment de franchir le pas de la porte, une voix nous interpelle : « Sorry mister, do you know if I need an appointment to come ? »

Lire aussi : L’Airborne museum de Sainte-Mère-Église sur tous les fronts pour le 79e anniversaire du D-Day

Collin Peterson, soldat américain en uniforme du « Chemical reconnaissance detachment » de la fameuse 82e Airborne, a garé sa Jeep devant le salon. Il a besoin d’un coup de tondeuse pour la cérémonie de l’après-midi sur la stèle des Trois cimetières. Laissons-lui donc la place. Notre dégradé léger – sabot 9 sur les côtés et cire brillance sur le dessus – attendra.

« Quasiment rien à couper ! »

Pour le jeune sergent de 26 ans, venu de Caroline du Nord, ce sera sabot 3. Une bonne coupe à ras bien militaire, tout l’inverse de nos cheveux en bataille. C’est son premier voyage en Normandie. « Beaucoup de soldats américains sont tombés ici lors du Débarquement. C’est important pour moi d’être là. » Il a gagné sa place dans un concours interne aux soldats de la défense chimique américaine.

Des Airborne chez Hair’born, une habitude pour la gérante, Stéphanie Aumont, qui doit donc passer à l’anglais, voire communiquer par gestes. « En général, ils viennent se faire rafraîchir les côtés pour que ce soit tout propre pour les cérémonies. Souvent, il n’y a quasiment rien à couper ! » Les reconstituteurs sont aussi des clients réguliers pour le D-Day : « Demain, je fais un chignon à une femme qui participe à un campement. »

Les chars font trembler le sol du salon

La coiffeuse de 37 ans s’est installée en 2016, dans un local qui était autrefois une cordonnerie. « Une de mes tantes m’a suggéré ce nom, j’ai trouvé ça drôle. » Elle n’est pas la seule : « On m’en parle tous les jours, je vois des gens rire en voyant la vitrine. Les étrangers qui viennent se faire coiffer me demandent de faire des photos devant ! » Casques, couverts et même parachute prêtés par la boutique de surplus militaire voisine, la décoration du salon a été soignée pour l’événement.

Lire aussi : 79e anniversaire du Débarquement. Ces objets du quotidien conçus avec du matériel militaire

En bonne habitante de Sainte-Mère-Église, Stéphanie Aumont est passionnée par le D-Day : « Ma grand-mère vient d’Azeville, où il y a la batterie. Elle a vécu le Débarquement et nous le racontait souvent. Moi, j’ai acheté une Jeep de 1943 et on l’a fait retaper. Elle roule encore ! » Pour le 80e anniversaire, l’an prochain, elle envisage de marquer le coup. Et en attendant, elle profitera de l’atmosphère du village, comme chaque année : « Le défilé des chars passe juste devant le salon. Ils font trembler le sol pendant que je travaille… C’est quelque chose qu’on ne peut vivre nulle part ailleurs ! »

2023-06-02T17:05:11Z dg43tfdfdgfd